Une Classic tout en rock
Sur le 104.6, nichée entre France Inter et France Info, Classic 21 est bien connue des Nordistes. Station dépendante de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone), Classic 21 ne figure pas dans les classements d'audience radiophonique. Elle rassemble pourtant chaque jour quelque 40 000 auditeurs frontaliers, séduits par son format axé sur le rock anglo-saxon. Le directeur de la station, Marc Ysaye, à qui je demandais dernièrement les raisons d'un tel succès n'hésita pas longtemps : « nos quotas de chansons francophones ne sont pas aussi contraignants qu'en France ». En clair, l'auditeur de Classic 21 peut enchaîner les morceaux d'Inxs, de BB King ou de James Brown sans entendre surgis de nulle part les cacardements de Lara Fabian ou les coucouannements de Zaz. Un argument de plus a priori pour les radios françaises qui depuis des années, pestent contre la loi sur les quotas les obligeant à diffuser 40 % de chansons francophones dont la moitié au moins de nouveaux talents. Sauf qu'en concentrant 85 % de leurs nouveautés sur 15 titres... diffusés en général à des heures de faible écoute, les radios trahissent l'esprit de cette loi. Quinze titres, soit une toute petite dizaine d'interprètes dont on entendra les titres en boucle pendant un an. De cette dizaine, ne resteront qu'un ou deux dont on entendra ensuite les titres pendant 50 ans. Pourquoi une telle frilosité de la part des radios ? Parce que le risque coûte cher. Et qu'il est toujours plus facile de passer papi Aznavour (que j'adore par ailleurs) pour faire de l'audience que de miser sur un jeune artiste inconnu. Et quand bien même un programmateur déciderait-il de faire son boulot de défricheur, désormais ses coups de coeur doivent être validés par des sondages et des panels d'auditeurs pour passer à l'antenne. Des méthodes marketing de sélection imparables pour ne garder que la crème de la soupe. « Il ne faut surtout pas réveiller une oreille habituée à de la daube » me confiait un programmateur de radio déprimé par la niaiserie des chansons françaises qu'il passait sur ses ondes. Autant dès lors rester branché sur Classic 21. Et tant pis s'il faut se taper de temps à autre l'état du trafic sur l'E42 entre Bruxelles et Namur.