Trois p'tits tours et au pillon !

Publié le par Axel Mac Black

Promotion au Carrefour d’Euralille : dans un bac au milieu du magasin, des CD cherchent preneur. Mise à prix : 1,50 € ! Il y a là un album de M Pokora, le premier et dernier disque de Gaëtane Abrial, ex de la Nouvelle Star dont s’était amouraché André Manoukian (mais ça n’a pas suffi !), un live d’Higelin… 1,50 € ! Dernière chance de trouver une place au chaud dans un meuble-discothèque Ikéa ou dans le vide-poche d’une voiture. Ensuite ? Ensuite c’est l’envoi au pilon ! La fin, la destruction physique, l’élimination bête et brutale dans quelque zone industrielle reculée, loin des feux de la rampe et des cris du public. Sous l’Ancien Régime, l’écartèlement en place de Grève se faisait dans la joie et la bonne humeur sous les yeux esbaudis des badauds. On connait le nombre de régicides découpés en confettis aux quatre coins de la place: une quinzaine. Impossible en revanche de savoir combien de Compact Discs invendus ont été mis au pilon par une maison de disques. Quant à savoir qui les avait enregistrés… C’est tout juste si l’on apprend qu’EMI dépense 33 millions d’euros par an pour faire disparaître de ses entrepôts des stocks devenus trop encombrants. Le pilori exposait le condamné, le pilon masque l’échec des appelés qui n’ont pas été élus. 

Je me suis souvent imaginé le pilonnier sous les traits d’un petit homme buboneux, les oreilles pointues, actionnant au moyen d'une roue dentelée une masse de bois, incapable de réprimer un hoquet de jouissance à chaque nouveau fracas. Renseignements pris auprès d’une entreprise de recyclage, le carnage des CD est encore plus cynique et déshumanisé. « On les jette dans des broyeurs à couteaux tournants, ils se cassent et ressortent par petits bouts de 1 ou 2 cm2 » me confie un agent destructeur (sic !) au téléphone. « En général, on fait ça devant le client pour éviter que le personnel se servent au passage. » Qu’il se rassure. A 1,50 € le CD en magasin, le risque est faible.

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L
<br /> En effet, il serait dommage qu'un employé vienne s'accaparer gratuitement un bien culturel qui est destiné à la destruction. Amusant, de la part de ceux qui prétendent défendre la culture à grand<br /> coup d'Hadopi.<br /> <br /> <br />
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